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Lancée par le pape Urbain II (1040 à Châtillon-sur-Marne – 29 juillet 1099) au Concile de Clermont le 27 novembre 1095 pour aller libérer le tombeau de Jésus à Jérusalem face aux menaces turques. Un nommé Pierre l’Ermite se chargera de « racoller » des volontaires pour cette croisade. Ces hordes mal organisées vont piller les routes d’Europe pour atteindre Constantinople (ex-Byzance et future Istamboul). Ils se feront tailler en pièces par les Turcs en octobre 1096.

Dans un deuxième temps s’organise la croisade des barons en 4 groupes (Godefroy de Bouillon, Hugues de Vermandois, Raymond de Saint Gilles et Bohémond de Tarente). Ils atteindront Constantinople en mai 1097. Du 27 octobre 1097 au 3 juin 1098 les croisés assaillent et réussissent in extremis à s’emparer d’Antioche.
Après de terribles massacres (13 au 15 juillet 1099) Godefroy de Bouillon devient roi de Jérusalem, titre qu’il abandonne bientôt pour le titre d’Avoué du Saint-Sépulcre. Il meurt mystérieusement le 18 juillet de l’année suivante. Son frère Baudoin sera couronné roi de Jérusalem le 25 décembre 1100. Il règnera jusqu’au 2 avril 1118 date de sa mort qui coïncide avec la date de création de l’Ordre du Temple. Le 26 mai 1104 Baudoin Ier s’empare d’Acre (ville au nord d’Haïfa en Israël). Les croisés baptisent la ville Saint-Jean-d’Acre.

 

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Prêchée une ultime fois par Saint Bernard de Clairvaux à Vézelay le 31 mars 1146 en réponse à la chute du comté d’Édesse (Urfa, ville turque proche de la frontière syrienne) investi par les Turcs en 1144. Le roi Louis VII présent et soutenant cette cause se croisera, peut-être aussi pour se faire pardonner du massacre de 1300 personnes en 1142 dans l’église de Vitry-en-Perthois lors de sa répression envers Pierre de La Châtre parti se réfugier chez Thibaud IV, comte de Champagne.
Début juin 1147, à Metz, l’organisation de son expédition pour la Terre Sainte est prête. Aliénor d’Aquitaine, sa femme, l’accompagne. Faut-il y voir une marque de jalousie, un attrait pour les voyages ou le désir de retrouver son oncle, Raymond de Poitiers (1097 – 29 juin 1149), prince d’Antioche ? Les mois qui suivirent furent rudes et jalonnés de perfidies de toutes sortes. En juillet 1148, Louis VII et Conrad III ne parviendront pas à s’emparer de Damas. La confrontation des mentalités (Turcs avec Francs d’Orient, Francs d’Orient et croisés venus les soutenir, croisés allemands et croisés français) font de cette croisade un imbroglio funeste pour beaucoup et pour finir un échec.
Le soutien des idées de Raymond de Poitiers par sa nièce Aliénor finira par agacer Louis VII. Il y a du divorce dans l’air. Le roi devra faire kidnapper sa femme pour la ramener en France. Ce retour séparé ne les empêchera pas d’avoir une fille en 1150. Cette dénommée Alix (1150 – 1195), ironie du sort, se mariera avec Richard Cœur de Lion, un des fils que sa mère eut, 7 ans plus tard, avec Henri II d’Angleterre. Raymond de Poitiers sera décapité le 29 juin 1149 lors de la bataille de Fons Murez contre Nur ad-Din. Il n'aura pas la joie de connaître Philippa, sa fille, qui naîtra trois mois plus tard.
Ebles II de Ventadour dit « lo cantador », accompagné par son fils Ebles III de Ventadour, mourra au monastère du Mont Cassin en 1149 à son retour de la deuxième croisade.
Adhémar IV de Limoges, né en 1110 et mari de Marguerite de Turenne, mourra durant cette croisade (probablement fin 1147). Son frère Gui de Limoges périra à Antioche (Antakya, Turquie) en 1148. Ils sont deux des 10 enfants qu’ont eu Archambaud IV de Comborn (1075 – 1137) et Humberge dite « Brunissende » de Limoges (1090 – 1150).

 

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La disparition de Nur ad-Din Mahmûd le 15 mai 1174, à l"âge de 57 ans, va permettre à Salâh Ad-Dîn, le fameux Saladin (Tikrit 1138 - Damas 4 mars 1193)), de consolider l’unité islamique en profitant des conflits de succession en Syrie. Il s’empare de Damas la même année, d’Alep (12 juin 1183), de Mossoul (1186), écrase les Croisés à Hattin (4 juillet 1187) sur la route de Tibériade et enfin met la main sur la « relique de la Sainte Croix » en libérant Jérusalem le 12 octobre 1187.
Ces événements dramatiques qui firent au moins 30000 morts du côté des Croisés furent un électrochoc pour l’Europe. En novembre 1187 le nouveau pape Grégoire VIII, successeur d’Urbain III, envoie l’archevêque de Tyr en France pour chercher de l’aide. En janvier 1188 Henri II d’Angleterre et Philippe II Auguste cessent leurs querelles pour se rallier à la défense de la Terre Sainte. Le 6 juin 1189 Henri II d’Angleterre meurt. Son fils Richard de Poitou (Richard Cœur de Lion) lui succède le 3 septembre 1189 sous le nom de Richard I d’Angleterre.
Frédéric I Barberousse, empereur germanique, prend publiquement la croix en mars 1188. Son armée de quelques dizaines de milliers d’homme sera prête à partir en mai 1189. Le 10 juin 1190 il tombe de son cheval qui trébuche en traversant la rivière Saleph (Arménie) et se noie lesté par sa lourde armure. Il avait 68 ans. La dernière chance de délivrer Jérusalem des musulmans s’arrête ici.
En juillet 1190 Philippe II Auguste et Richard I d’Angleterre se réunissent à Vézelay qui fut déjà le lieu de départ de la précédente croisade. Les deux rois prennent des itinéraires différents mais se retrouvent à Messine (Sicile) en septembre 1190.

La belle et jeune veuve du roi Guillaume II de Sicile (1154 – 1189), Jeanne (1165 – 1199), sœur de Richard Cœur de Lion, enflamme le cœur de Philippe II Auguste. Richard met un terme à cette idylle et se brouille avec Philippe. Plus tard, en septembre 1191, alors qu’il vient de vaincre Saladin à Arsouf, il aura pourtant le culot de proposer en mariage sa sœur Jeanne au frère de Saladin, Malik El Adil, pour être sûr de récupérer partiellement Jérusalem. Philippe II Auguste quitte la Sicile le 30 mars 1191, juste le jour où arrivent Aliénor d’Aquitaine et Bérengère de Navarre (1170 – 1230 abbaye de l’Épau). Richard I d’Angleterre, fils d’Aliénor, commence à fricoter avec Bérengère parce qu’il ne repart, lui, que le 10 avril 1191.
Pendant que Philippe II Auguste voguait vers Tyr, Richard Cœur de Lion, pris dans plusieurs tempêtes, doit accoster en Crête et sur l’île de Rhodes. Puis il débarque sur l’île de Chypre le 8 mai 1191, se marie à Limassol avec Berengère de Navarre le 12 mai 1191 et décide de conquérir l’île le lendemain, lorsque arrive le reste de sa flotte. Le 5 juin 1191 il part pour Saint-Jean-d’Acre aux mains de Saladin depuis le 9 juillet 1187. Il réussit à récupérer la ville le 12 juillet 1191.
Finalement le 2 septembre 1192 est signé à Jaffa un traité qui stipule que Jérusalem reste aux mains des musulmans qui permettent néanmoins aux pèlerins chrétiens de visiter librement et en toute sécurité la cité. De nombreuses villes libanaises et palestiniennes parviennent à garder leur suprématie chrétienne mais Ascalon, aux fortifications ébranlées, retourne à Saladin. Un état franc s’étend de Tyr à Jaffa. Les croisés possèdent également l’île de Chypre, base stratégique pour la protection d’Antioche située à 250 kilomètres de là.

Les croisés allemands fondent l’Ordre des Chevaliers Teutoniques.
Richard Cœur de Lion quitte Saint-Jean-d’Acre le 9 octobre 1192 mais son bateau est de nouveau pris dans une tempête. Comme il est sujet au mal de mer, il prend la décision de s’arrêter à Corfou, une île grecque située dans des eaux contrôlées par l’empereur de Byzance, un ennemi. Puis il réembarque et suit la côte adriatique jusqu’à Aquileia. Las des voyages en mer il part à pied avec 4 de ses compagnons rejoindre l’Allemagne via les Alpes. Le 11 décembre 1192 il est reconnu dans une auberge près de Vienne, terres du duc Léopold d’Autriche. Ce dernier, averti, se délecte d’en faire son prisonnier et de le garder jusqu’en mars 1194 date de remise d’une très forte rançon. Cet épisode sera repris dans l’histoire d’Ivanhoé et de Robin des Bois.

 

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Peut-être la plus énigmatique et la plus cruciale de toutes les croisades, celle-ci sera mise en œuvre en août 1198 par le pape Innocent III fraîchement élu. Il s’agit de recouvrer Jérusalem désormais aux mains des musulmans. Archevêques et évêques de l’église romaine ainsi que les rois de France et d’Angleterre sont avisés qu’une nouvelle croisade doit être opérationnelle pour mars 1199. Le destin en décidera autrement puisque Richard Cœur de Lion meurt le 6 avril 1199 des suites d’une blessure au cou provoquée par une flèche d’arbalète qu’il reçut lors du siège du château de Châlus (Haute Vienne).
En novembre de la même année Thibaud de Champagne prend la direction de cette nouvelle croisade mais il meurt en 1201 et Boniface de Montferrat le remplace. Les chevaliers et nobles français ayant pris la croix vont négocier leur transport en Terre Sainte avec les riches marchands de Venise à la puissante flotte qui, eux, ont des vues sur Constantinople, Damiette et surtout Le Caire. Le pape Innocent III commence à perdre le contrôle de la croisade.
En juin 1202 les Croisés arrivent à Venise. Comme ils ne peuvent assumer totalement le coût élevé de leur transport en Terre Sainte, le doge de la ville en profite pour leur demander leur aide afin de récupérer le port de Zara (alors sous contrôle hongrois et aujourd’hui devenu croate sous le nom de Zadar). Le 1er octobre les Croisés repartent de Venise pour aller piller la ville de Zara qu’ils envahissent le 24 novembre. L'intransigeant Simon de Montfort refuse de participer à l'assault de cette ville chrétienne et s'embarque directement pour Jérusalem. Zara sera pourtant pillée et même rasée par les Croisés avant leur départ pour Constantinople en juin 1203. Pourquoi Constantinople? Parce qu'entre-temps le prince Alexis avait proposé aux Croisés une très forte somme d'argent (l'équivalent d'environ 50 000 000 d'euros) si ceux-ci parvenaient à chasser de cette ville Alexis III, l'usurpateur du trône de son père Isaac Ange. Le 17 juillet 1203 la ville est reconquise et Isaac Ange, sorti de sa prison, retrouve son trône qu'il partagera désormais avec son fils Alexis, devenu Alexis IV pour la circonstance. Afin de rembourser les Croisés, Isaac Ange prélève de lourds impôts qui conduiront à des révoltes. Alexis IV sera assassiné le 29 janvier 1204. Son père mourra peu après. Les Croisés n'ayant aucune confiance dans l'instigateur de ce renversement décident de reconquérir la ville début avril 1204. Après de violents combats ils y parviennent le 13 avril 1204. Constantinople est pillée, Sainte-Sophie profanée et dévastée, malgré les protestations de certains chefs Croisés comme Baudouin IX de Flandre par exemple mais aussi du pape Innocent III. Complètement déviée de son objectif premier cette croisade en dit long sur la barbarie de l'intérêt personnel avant tout.

 

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Cette croisade fut un prétexte pour reprendre Jérusalem et le reste de la Terre Sainte occupé par les musulmans. Au printemps 1213 le pape Innocent III appelle tous les représentants du royaume chrétien à répondre à l’appel de cette nouvelle croisade en préférant toutefois l’adhésion des nobles de classe inférieure et celle des chevaliers au soutien des rois et empereurs d’Europe occupés à guerroyer entre eux. Robert de Courçon fit passer le message en France. Beaucoup de chevaliers, dont certains déjà occupés à endiguer l’hérétisme cathare, le rejoignent.
Le clairvoyant pape Innocent III meurt en 1216. Honorius III lui succède. Frederick II a besoin de consolider son royaume d’Allemagne et d’Italie, il peut juste envoyer des troupes armées en Terre Sainte sans les accompagner. Leopold VI d’Autriche et Endre II d’Hongrie conduisent des armées de croisés jusqu’à Acre (ville de Galilée à 150 kms au nord de Jérusalem) en 1217 puis rejoignent Jean de Brienne, maître du royaume de Jérusalem, Hughes de Chypre et Bohémond d’Antioche pour combattre en Syrie les Ayyoubids (musulmans kurdes). La dynastie des Ayyoubids apparaît en 1171 avec Nasir Salâh ad-Dîn, dit Saladin,  (1137 à Tikrit, Irak – 4 mars 1193 à Damas, Syrie), sultan d’Egypte puis de Damas en 1174. Sous forme de sultanat ou d’émirat cette dynastie disparaît en 1263 lors des invasions mongoles.
En juin 1218 les croisés commencent le siège de Damiette (Egypte). La ville est prise le 25 août. Dans les mois désastreux qui suivirent, beaucoup de croisés perdirent la vie y compris Robert de Courçon. Le sultan Al-Adil I (de la dynastie des Ayyoubids) mourut aussi. Son successeur, Al-Kamil, tente alors de négocier en 1219 avec Pélagie d’Albanie, le nouveau leader des croisés envoyé par le pape. Malgré les efforts de François d’Assise (1182 - 4 octobre 1226), Pélagie d’Albanie refuse toutes les offres d’Al-Kamil.
Dès novembre 1219 les croisés sont en mesure d’occuper le port de Damiette. En 1220 Jean de Brienne en revendique le contrôle pour lui-même malgré la convoitise  papale et la désapprobation de Pélagie d’Albanie. Finalement il se retire à Acre pour une année et revient en 1221 pour attaquer Le Caire en juillet. Malheureusement, entre temps, Al-Kamil avait pu se réorganiser. La marche des croisés vers Le Caire, stoppée par une crue du Nil qui les obligea à battre en retraite, se termina par une fatale attaque nocturne d’Al-Kamil. Damiette sera remise aux musulmans en échange de l’arrêt des combats.

 

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Seulement 7 ans après l’échec de la cinquième croisade, celle-ci visait encore et toujours la reconquête de Jérusalem. En 1225 Frederick II (26 décembre 1194 à Lesi, près d’Ancône – 13 décembre 1250 à Fiorentino), empereur du Saint Empire depuis 1220, se marie avec Yolande de Jérusalem, fille de Jean de Brienne, le maître de Jérusalem, et de Marie de Montferrat.
Après l’élection en 1227 du vieux pape Grégoire IX (1143 à Anagni – 22 août 1241 à Rome), il se décide à conduire des troupes par bateaux de Brindisi jusqu’aux terres syriennes mais une épidémie l’oblige à retourner en Italie. Grégoire IX profite de cette aubaine pour l’excommunier, l’accusant d’avoir brisé la croisade alors qu’en fait il lui reproche la consolidation de son pouvoir impérial en Italie aux frais de la papauté. Faisant abstraction de son excommunication il vogue à nouveau vers la Syrie en 1228 arrivant à Acre, capitale du royaume de Jérusalem, en septembre. Sa présence entraîne des dissensions. Les partisans de la papauté (les Guelfes) regroupant le patriarche Gérald de Lausanne, les hospitaliers et les templiers s’opposent aux partisans (les Gibelins) du Saint Empire de Frederick II regroupant de nombreux nobles et son armée.
En février 1229 il signe un accord avec le sultan Al-Kamil valable 10 ans pour reprendre possession de Jérusalem, Nazareth, Bethléem, Sidon et Jaffa à la condition de l’épauler dans son combat contre son neveu Al-Nasir. Toutefois Frederick II n’aura pas l’autorisation de reconstruire les murs de Jérusalem détruits en 1187 par Saladin. Il se proclame néanmoins roi de cette ville le 18 mars 1229. La gestion de son empire l’oblige à rentrer en Europe en mai de la même année. Son excommunication ne tombe pas pour autant car il vient surtout de démontrer que les croisades pour être victorieuses n’ont pas besoin de l’aval du pape et de son soutien financier.

 

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Elle est entièrement conduite par Louis IX (25 avril 1214 à Poissy – 25 août 1270 à Tunis), dit Saint Louis, roi de France. Sa décision remonte à 1245 après la reprise de Jérusalem en 1244 par les Khorezmiens (musulmans perso-turques installés en Ouzbékistan). Il a le soutien du pape Innocent IV qui vient de renouveler l’excommunication de Frederick II au premier concile de Lyon. La préparation dure 3 ans. Son armée est constituée de Français auxquels viennent s’ajouter quelques Ecossais et Anglais. Sa femme (Marguerite de Provence), ses frères (Alphonse et Charles) et quelques cousins l’accompagnent dans ce périple dont le point de départ est Aigues-Mortes et aussi Marseille. Il vogue jusqu’à Chypre. Le 18 septembre 1248 il débarque à Limassol (la ville où s’était marié Richard Cœur de Lion avec Bérengère de Navarre le 12 mai 1191) et y passe l’hiver en raison des conditions climatiques qui l’empêchent pour l’instant d’atteindre Damiette (Egypte).
Les beaux jours revenus la flotte repart le 13 mai 1249 essuyant, malgré tout, quelques tempêtes qui la dispersent. Début juin ils sont devant Damiette. Faute de combattants (les musulmans sous la conduite de Fakhr Ad-Din ayant fui), Louis IX marche triomphant dans la ville le 6 juin 1249. Le vieux sultan Malik al-Salih Ayyoub, atteint de tuberculose, proposa alors aux croisés d’échanger Damiette contre Jérusalem mais ceux-ci refusèrent. Ils préfèrent en faire une base militaire pour mener des opérations en Egypte et en Syrie. En novembre 1249 Saint Louis marche vers Le Caire pendant que le vieux sultan Ayyoub meurt dans sa litière sur la route de Mansourah. Une armée conduite par Robert d’Artois et les Templiers attaquèrent le campement égyptien de Mansourah. Leur défaite coûta la vie à Robert. Suite à une trahison, l’armée franque réussit enfin à entrer par surprise dans Mansourah le 10 février 1250. L’émir Karhreddin est tué. Les Francs investissent toute la ville. Un succès éphémère parce qu’une armée de mamelouks turcs vient à la rescousse.
Devant le massacre de milliers de croisés, Louis IX est contraint de négocier début mars en remettant sur la table la proposition du vieux sultan Ayyoub mais aujourd’hui c’est son successeur, le sultan al-Mu’adham, qui refuse. Les choses tournent mal, les renforts de troupes franques sont coulés par la flotte égyptienne. Maintenant de nombreux volontaires issus du peuple rejoignent les forces musulmanes pour s’opposer à la présence des croisés. En avril, en cherchant à revenir à Damiette, le roi Louis IX et ce qui reste de son armée sont capturés alors que sa femme Marguerite y accouche d’un fils. Le roi tombe malade, atteint de dysenterie. Un médecin arabe le soigne. Transféré dans la maison d’Ibrahimben Lokman, secrétaire du sultan, sous la garde de l’eunuque Sahil, Saint Louis découvre qu’en plus de l’abandon de Damiette il doit remettre une forte rançon (500000 livres) pour préserver sa vie. Les Templiers rechignent à aider la mère de Louis IX à payer la rançon. Enfin un crédit sur 4 ans avec versements annuels de 100000 livres est accordé suite à la ristourne de 20% du sultan.
Louis IX est libéré le 13 mai 1250 sur parole. Il retourne à Acre (nord d’Israël) ayant perdu le gros de son armée. Il conclut une alliance avec les Mamelouks, et de sa nouvelle base d’Acre commence à reconstruire les cités croisées. Espérant l’aide des Mongols pour combattre les Musulmans il envoie un émissaire auprès du maître Möngke Khan. C’est un échec, d’ailleurs les Musulmans tenteront la même chose contre les Chrétiens. Le Khan rejette l’invitation candide de Saint Louis lui demandant de se convertir au christianisme. En 1252 il apprend le décès de sa mère, Blanche de Castille (4 mars 1188 – 27 novembre 1252), sans pouvoir rentrer en France suite à sa promesse. Enfin en 1254 a lieu le dernier versement de la rançon. Saint Louis doit regagner Paris pour s’occuper des affaires de son royaume.
Cette croisade comme les précédentes, exceptée la première au fugace succès, est un échec. Mais est-ce un échec pour tout le monde ? Les templiers vont bien, les monastères aussi et nous pouvons légitimement nous demander pourquoi cette histoire dure déjà depuis plus de 150 ans.

 

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Le 3 septembre 1260, près de Nazareth, les musulmans d’Egypte commandés par le sultan Baybars (né au Turkestan en 1223) en finissent avec le fléau mongol. Ils s’emparent ensuite en 1261 des villes chrétiennes de Césarée et Haifa, puis en juillet 1266 de la forteresse des Templiers de Safed, en mars 1268 de Jaffa mais c’est surtout la prise d’Antioche le 18 mai 1268 qui fut la cause de la huitième croisade.
Le roi de France Louis IX (Saint-Louis) conduit cette croisade en 1270 avec l’idée première de convertir le sultan de Tunis au christianisme pour renforcer sa position face à l’Egypte. Fin juin 1270, il investit facilement Tunis mais lui et son armée, en raison de la chaleur et probablement par de l’eau polluée, contractent une dysenterie bacillaire. Il n’aura pas la même chance qu’en Egypte lors de la croisade précédente. A 56 ans son corps ne réagit pas comme à 36 ans et ses médecins sont peut-être moins avisés aussi. Il meurt le 25 août 1270.
Notons néanmoins que l’année précédente le roi Louis IX, sur la recommandation du IVe concile du Latran tenu par le pape Innocent III en 1215, impose le port de la rouelle (rond d’étoffe jaune) aux hommes juifs du royaume et un bonnet pour les femmes juives à moins que ceux-ci ne se convertissent aux christianisme Déjà en 1242 il fait brûler en place publique des manuscrits hébreux. Sa maladie grave de 1244 est peut-être une vengeance juive.
Charles d’Anjou, roi de Sicile et frère de Saint-Louis prend le commandement des opérations. Finalement le 30 octobre 1270 le siège de Tunis est abandonné en raison des maladies infectieuses qui progressent. Un accord est conclu entre le sultan et les croisés. Les moines et les prêtres ont leur sécurité garantie dans la ville et les chrétiens peuvent y commercer librement. Le prince Edouard d’Angleterre (17 juin 1239 – 7 juillet 1307) allié à Charles d’Anjou continue son périple vers Acre accompagné par un reliquat de l’armée de Saint-Louis n’ayant pas regagné la France. En février 1271, Baybars s’empare du krak des Chevaliers mais échoue à Tripoli. Une alliance entre les Croisés et les Mongols l’oblige à signer une trêve de dix ans. Il finira empoisonné à Damas en 1277.

 

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En 1271 le prince Edouard d’Angleterre, qui n’avait pu aider Saint-Louis en raison de son arrivée tardive à Tunis, poursuit son expédition vers Saint-Jean d’Acre avec Charles d’Anjou (mars 1227 – 7 janvier 1285 à Foggia, Italie), roi de Sicile. Baybars par ruse, tente de débarquer à Chypre afin d’y attirer Hugues I, roi de Jérusalem, mais sa flotte est détruite. Edouard réussit à faire négocier une trêve de 11 ans entre Hugues I et Baybars en ayant toutefois échappé à une tentative d’assassinat fomenté par ce dernier. Toujours en cette année 1271, Theobald Visconti, un de ses compagnons de route devient pape sous le nom de Grégoire X. En 1272, suite à la mort de son père Henri III (1 octobre 1207 – 16 novembre 1272), il retourne en Angleterre pour s’y faire couronner.
Entre-temps diverses tentatives de nouvelle croisade sont élaborées sans succès. Enfin en 1281 le pape Martin IV autorise les Vénitiens et les Français à investir Constantinople et l’empire byzantin que Michel VIII Paléologue veut restaurer. Les Français prennent la route de Durrazo (Durrës en albanais) fief de Charles d’Anjou également roi d’Albanie. Les Vénitiens, eux, choisissent la voie maritime.
Le samedi saint 30 mars 1282 débute à Palerme et à Messine en Sicile au moment des vêpres et au son des cloches le massacre de 8000 Français appartenant aux troupes de Charles d’Anjou. Seul le Français Guillaume des Porcellets, chambellan de Charles d’Anjou, sera épargné en raison de sa droiture. Cet événement, connu sous le nom de « Vêpres Siciliennes », oblige Charles d’Anjou à abandonner son périple et rebrousser chemin.
En mai 1291 les Mamelouks prennent Acre après un siège de six semaines. Tyr, Sidon, Beyrouth, Tortose et Château-Pèlerin capitulent. C’est la fin du royaume de Jérusalem. Chypre sera le seul lieu de retranchement des Chrétiens. Les Hospitaliers s’y installent pour 280 ans. Les Turcs les en chasseront en 1571. Leur nouvelle base sera Malte qu’ils occupent déjà depuis 1530. En 1798 Napoléon Bonaparte expulsera leur grand maître et donc l’Ordre tout entier. L’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem aura quand même duré un peu plus de sept siècles (vers 1080 – 1798).

 

 

 

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