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La chapelle templière de Courteix (Corrèze) datant du XIIIème siècle, aujourd'hui renommée église Saint-Pierre-ès-Liens

 

 

 

L'origine

L’histoire commence au tout début du XIIème siècle (1104) lorsque Hugues de Payns déplore l’insécurité qui règne sur certains tronçons de la route qu’empruntent les pèlerins pour se rendre à Jérusalem. Ce petit seigneur champenois réussira à convaincre 8 autres seigneurs de le rejoindre pour fonder l’Ordre du Temple ainsi nommé parce qu’ils logeaient dans le quartier du Temple de Jérusalem.
En 1118 Bernard de Clairvaux, dit Saint-Bernard, défenseur de la foi cistercienne (du nom de l’abbaye de Cîteaux) donne son accord à la création de l’Ordre. Mais ce n’est qu’en 1128 au Concile de Troyes que le Pape reconnaît officiellement l’Ordre et lui donne une certaine autonomie. Ces moines-soldats vont pouvoir s’organiser comme ils l’entendent sans toutefois oublier la règle de Saint-Benoît revisitée par les cisterciens.
Une sympathie générale à leur égard, due à leur rôle de protection, leur fera recevoir des dons. Environ mille commanderies templières seront construites pour accueillir les pèlerins lors de leur périple à Jérusalem.

La structure

La hiérarchie de l’Ordre ressemble à une société anonyme actuelle :
le Grand Maître (le PDG)
les Chevaliers (les cadres dirigeants)
les Sergents (les cadres moyens)
les Fermiers (les techniciens et les employés)
les Moines (le service des relations humaines)

L'activité

Clairement cette structure va permettre à l’Ordre de transporter des fonds de l’Occident vers l’Orient et vice versa, donc de jouer un rôle de Brinks avant l’heure mais aussi par voie de conséquence un rôle de banquier (prêts, avances, opérations de change, lettre de change, lettre de crédit, … sans compter leur invention de la vraie comptabilité en partie double). La monnaie de l’époque, le bezant (du nom Byzance) dit « solidus » s’apparente au dollar actuel, pour toutes les transactions entre Croisés et Musulmans. Le bezant circulera dans toute l’Europe jusqu’à la fin du Moyen-Âge.

Le patrimoine

La prodigieuse accumulation de richesses des Templiers finira près de deux siècles plus tard par affecter Philippe IV le Bel, roi de France. Cette « multinationale », organisme officiel de crédit depuis 1303, faisait la pluie et le beau temps bien que la garde du trésor de France leur fut enlevée dès 1295.
Il se pourrait aussi qu’il s’agisse d’une sorte de jalousie entre ordres religieux : le conseiller de Philippe IV le Bel était un Dominicain en rivalité avec les Cisterciens soutenus financièrement par le puissant Ordre du Temple. Mais il y a un autre événement souvent négligé : la mort à Vincennes le 2 avril 1305 de sa femme Jeanne Ière de Navarre. Sa douleur fut si grande qu’il expliqua cette mort par un crime de sorcellerie. Ce qui couvait depuis quelques années explosa c’est-à-dire son aversion pour la richesse ostensible et suspecte. Plus rien ne pouvait compenser ses malheurs. Le 22 juillet 1306 il fait expulser tous les juifs de France et confisque leurs biens. Ceux-ci reviendront en 1315 quelques mois après sa mort, le 29 novembre 1314. Déjà en 1292 les Lombards avaient vu leurs biens saisis et en 1296 le clergé soumis à un impôt : la décime.

La condamnation et la dissolution

En septembre 1307 est fomenté un plan d’action contre les Templiers. Le vendredi 13 octobre 1307 ces derniers sont arrêtés comme des gamins ou du moins l’ont-ils fait croire. Apparemment leurs richesses étaient déjà en lieu sûr. Ceux qui réussirent à passer au travers des mailles du filet s’échappèrent en Angleterre et en Écosse, mais aussi à Tomar au Portugal. L’instigateur de ces arrestations, Guillaume de Nogaret, ne trouva rien de tangible pour les accuser de quoi que ce soit. Aussi un procès fallacieux est-il monté. Le 22 mars 1312 le pape Clément V (1265 – 1314), de son vrai nom Bertrand de Got, abolit l’Ordre du Temple au Concile de Vienne en présence de Philippe IV le Bel. Enfin le 18 mars 1314, sur l’île aux Juifs, face à l’église Notre-Dame dont l’Ordre, ironie du sort, avait peut-être financé la construction, la haute direction du Temple (Jacques de Molay, Geoffroy de Charnay, Geoffroy de Gondeville et Hughes de Pairaud) est condamnée au bûcher.

Avant de périr dans les flammes, Jacques de Molay proférera des menaces à l’égard du Pape Clément V, du roi Philippe IV le Bel et de tous les responsables de la chute du Temple. Chute relative en fait car les Hospitaliers, les Chevaliers de l’Ordre de Malte et les Francs-Maçons récupéreront plus ou moins directement cet héritage à plusieurs facettes (argent, savoir, philosophie, …).
Le 20 avril 1314 le pape Clément V parti d’Avignon le matin est obligé de s’arrêter au château de Roquemaure (Gard) où il meurt de multiples hémorragies suite à une forte fièvre et des crises d’angoisse liées à un probable empoisonnement exécuté par un de ses proches dont le mobile reste flou, même si l’argent plane en arrière-plan.
Le 27 avril 1314 Guillaume de Nogaret meurt lui aussi et deux accusateurs ayant déposé au procès sont retrouvés pendus. Règlement de compte ?
Le 29 novembre 1314 Philippe IV le Bel meurt à Fontainebleau des suites d’une chute de cheval lors d’une chasse près de Pont-Saint-Maxence (Oise). Cette chute semble avoir été due à une hémorragie cérébrale.
L’histoire raconte que quelques jours après la mort de Jacques de Molay une nuée de corbeaux est venue s’établir sur les toits du Palais Royal, événement de triste augure.

Les bâtiments

Parmi les commanderies templières nous pouvons citer en vrac : Arville (Loir et Cher), Sainte-Eulalie de Cernon (Aveyron), La Couvertoirade (Hérault), La Cavalerie (Aveyron), Coulommiers (Seine et Marne), Provins (Seine et Marne), Élancourt (Yvelines), Salers (Cantal), Richerenches (Vaucluse), Montdoubleau (Loir et Cher), La Romagne (Côte d’Or), La Tourette (Puy de Dôme), Vouziers (Ardennes), Roaix (Vaucluse), Tronquière (Lot), Caudebec-en-Caux (Seine Maritime), La Neuville (Marne), Sergeac (Dordogne), Vaour (Tarn), Montsaunès (Haute-Garonne) et ce, sans compter les églises templières comme Courteix (Corrèze), Aragnouet (Hautes-Pyrénées), Nouziers (Creuse) avec sa « forêt du Temple » à proximité ou encore, plus étonnant que les commanderies belgo-luxembourgeoises, la commanderie de Chwarszczany (Pologne), les commanderies d’Egyházasfalu (Hongrie), Esztergom (Hongrie), Senj (Croatie), Gora (Croatie), Szentmárton (aujourd’hui en territoire croate sous le nom de Bozjakovina), au Portugal (Tomar, Almourol, Pombal, Castelo Branco, Sabugal, Penamacor, Sore, Longroiva), etc.
En 1861 Frigyes Pesty écrivit un livre sur les Templiers en Hongrie preuve que ceux-ci étaient présents sur toutes les routes qui menaient à Jérusalem. Zara (Zadar) et Split en Dalmatie (Croatie) furent les ports d’embarquement pour de nombreux Croisés.

Le trésor

Le trésor des templiers, s’il existe, n’a jamais été retrouvé. Certains ont cru le déceler à Gisors (Eure) parce que la décomposition de ce nom fait apparaître le verbe « gésir » et le mot « or ». La surveillance de Gisors par les soldats de Philippe IV le Bel rend impossible cette cachette. D’autres ont cru que le trésor avait franchi la Manche pour aller en Angleterre, une opération périlleuse et peu probable en vérité. Enfin d’autres prétendent que le trésor serait toujours en France caché sur des terres alors contrôlées par les Anglais donc en zone sûre. Quelles étaient ces zones en 1307 ? Le 20 mai 1303 Philippe IV le Bel rend le duché de Guyenne au roi d’Angleterre Édouard I. Est-ce à dire que le supposé trésor templier se trouve au nord de cette zone protégée par les Anglais parce que géographiquement la plus proche de Paris ?

Le Limousin et une partie de l’Auvergne font partie de ce territoire. Le sud de la Creuse, l’ouest du Puy de Dôme, le nord de la Corrèze et du Cantal semblent être les lieux les plus vraisemblables si cette théorie est exacte. Le Bazaneix pourrait faire penser à l’endroit où les bezants sont déposés. Les templiers ayant largement utilisé cette monnaie une vérification s’imposerait par acquit de conscience. Pourtant un tel raisonnement n’a aucun sens pour deux raisons : il limite le trésor des templiers à l’unique possession de bezants et d’autre part il prouve que des gens auraient connu le secret en dénommant le lieu ouvertement (Le Bazaneix). Ou alors ce lieu a été appelé comme cela après le pillage du trésor et ce, entre 1308 et 1315 car vingt ans plus tard, en 1335, le propriétaire du Bazaneix est identifié en la personne d’Etienne d’Aix.
Mais pourquoi parler de pillage ! Le Bazaneix n’était sûrement qu’une dès nombreuses étapes sur la route de Tomar (Portugal), haut lieu templier protégé par le roi Denis 1er du Portugal, dit le roi troubadour (Lisbonne 9 octobre 1261 – Santarém 7 janvier 1325). Le Portugal est le seul pays où a pu survivre l’Ordre du Temple sous un nouveau nom : l’Ordre du Christ (officialisé en 1319). Si de 1312 (date de la dissolution de l’Ordre du Temple) à 1319 (date de l’avènement de l’Ordre du Christ) règne un certain flottement dû à l’hostilité papale, les templiers réfugiés à Castro Marim retrouveront leurs biens dés 1323 et principalement Tomar qu’ils réintégreront en 1357. Regardez bien les croix sur les caravelles de Vasco da Gama. Regardez bien aussi le blason de Saint-Martial-de-Gimel où dans la deuxième moitié des années 60 des Américains investirent la crypte d'une chapelle dans le cimetière. Que cherchaient-ils ? Il semble y avoir un lien entre les Templiers et les Juifs. Mais l’argent était-il leur seul dénominateur commun ?


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La forteresse templière de Tomar (Portugal)

 

 

 

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